L’araignée qui nous a fourni la soie appartient à l’espèce Eresus walckenaeri (Brullé, 1832), de la famille des Eresidae. C’est une espèce méditerranéenne ; le spécimen est issu d’une souche provenant du Péloponnèse, en Grèce.
C’est une araignée de grande taille (une grosse femelle adulte peut mesurer jusqu’à quatre centimètres de corps), présentant un aspect assez trapu.
La femelle adulte présente deux formes, l’une semblable au juvénile, noire avec des taches blanches :
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Femelle subadulte Eresus walckenaeri; il s'agit du spécimen qui nous a fourni la soie de nos expériences. A sa prochaine mue, elle changera d'apparence (voir plus bas).Et une autre, qui pourrait être qualifiée de RCF (Red Color Form), avec l’abdomen d’un noir unis, entouré d’une bande rouge. Il y a régulièrement confusion entre cette forme et l’espèce Eresus ruficapillus , néanmoins, quand on regarde la description de cette dernière ( Cliquer ici ), on se rend compte qu’elles ne correspondent pas .

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Femelle adulte Eresus walckenaeriLe mâle, quant à lui, a le céphalothorax noir, et l’abdomen rouge tacheté de six points noirs. Les pattes présentent des anneaux blancs aux articulations, et peuvent, selon les populations, présenter leurs premiers segments noirs ou rouges.
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Mâle adulte Eresus walckenaeriIl s’agit d’une espèce habituée aux fortes températures (montant jusqu’à 40°C, voire même 45°C), terricole, c’est-à-dire qu’elle construit un terrier. Les juvéniles des mâles et des femelles sont semblables, les mâles se différenciant par le léger gonflement des pédipalpes au stade subadulte comme chez toutes les aranéomorphes (voir Introduction.1) ).
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Mâle subadulte Eresus walckenaeriUne fois adulte, les mâles finissent par quitter le terrier à la recherche d’une femelle.
Le terrier est tapissé d’une soie épaisse, dite cribellée (voir I.1) ) et est profond d’une dizaine à trente centimètres. Il peut, dans de rares cas, être semi-aérien (appui à la sortie du sol sur une plante ou un rocher, ou bien, observé en élevage, construction du nid sur le couvercle du terrarium).
Le terrier se termine par une construction typique du genre Eresus, nommée paravent. Elle sert à dissimuler l’entrée du nid aux proies et aux prédateurs.
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Paravent d'une espèce aux moeurs très proches, Eresus kollari
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Le même paravent mais relevé; on voit l'entrée du terrierLes Eresus walckenaeri pratiquent la matriphagie ; c’est-à-dire que les jeunes, une fois sortis du cocon, vont dévorer leur mère, avant de sortir du nid et de se disperser.
La construction d’un abri prend plusieurs nuit (en effet, elles ne se montrent que très peu le jour, uniquement pour un bain de soleil si elles ne perçoivent pas de vibrations ou bien pour attraper une proie piégée par le paravent). C’est une espèce réputée timide, mais elle peut néanmoins se mettre en posture d’intimidation, chélicères écartés. Le venin de l’animal n’est pas très dangereux pour l’homme (du moins, la bête ne fait pas parler d’elle, sans doute la couleur d’avertissement rouge du mâle n’est rien d’autre qu’un coup de bluff), mais il est néanmoins efficace, et l’animal a de la force dans ses crochets ; ce sont des araignées qui ne peuvent pas emmailloter leurs proies dans de la soie (voir I.1) )mais qui peuvent néanmoins s’attaquer à de petits vertébrés, comme des lézards, comme l’attestent ces restes retrouvés sur un paravent d’Eresus kollari.
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Restes de lézard; sachant que E.kollari est plus petite que E.walckenaeri, on imagine sans peine ce que cette dernière est capable de faire
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Mâle E.walckenaeri en posture d'intimidationLes Eresus de manière générale restent des araignées rares (E.kollari est protégée par la loi en Grande-Bretagne, car connue sur une seule station), et très méconnues, du point de vue des populations, de la génétique, de la taxonomie.
Le spécimen qui nous a fourni la soie est une femelle subadulte (dont on distingue un semblant de bande rouge sur la base de l’abdomen) :
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Femelle subadulte E.walckenaeri qui nous a fourni la soieNous avons choisi cette espèce car c’est une espèce qui tisse beaucoup de soie ; nous avions donc un stock suffisant disponible. De plus, le fait que la soie soit cribellée lui confère peut-être des propriétés observables à notre échelle que la soie écribellée (voir I.1) ) n’a pas (du moins était-ce là notre postulat de départ).
Pour plus de photos et d’information sur le maintien en captivité de cette espèce : Cliquer ici!
Les Eresus possèdent un système reproductif complexe (décrit par généralité dans l’Introduction.1) ; il s’agit du cas général chez une grande majorité d’aranéomorphe), ce qui montre que ce ne sont pas des araignées primitives.