La production par les araignées elles-même
A Madagascar, en 1709, le père Camboué, missionnaire, parvient à filer la soie de l’araignée, en l’occurrence, de la néphile dorée( Nephila inaurata)
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Les premières tentatives sérieuses d’industrialisation de la soie d’araignée furent réalisées entre 1800 et 1843 par le père et le fils Dubois, qui auraient réussi à élever 400 000 araignées, probablement des tégénaires. Ils démontrèrent que les araignées peuvent être nourries avec de la viande crue.
Le prix de la soie d’araignée est très élevé au début du XXe siècle ; peu de gens peuvent se permettre son achat.
Proies et pollens fournissent l'araignée en acides aminés lui permettant de fabriquer ses fils de soie 100% recyclables et biodégradables. Le fil, selon sa constitution vue dans le II.2) a une résistance de 1200 mégapascals, et en glycine, qui lui apporte une grande élasticité avec un étirement avant rupture de 31%(Science et vie - nr.1112 - mai 2010) pour la soie la plus rigide ; ces propriétés déjà sommairement constatées à l’époque ont donc fait faire l’éloge de la qualité de la soie.
Les problèmes d’élevage sont liés au cannibalisme des araignées, qui ne peuvent pas être maintenues ensemble dans la même boîte sans finir par se dévorer ; il faut donc les loger séparément, et les nourrir de même.
Au vu de la quantité de fil énorme requise pour être rentable, la bête est extrêmement sollicitée ; les apports en nourriture doivent donc être très fréquents.
Pour donner une livre de soie il faut 3500 vers à soie. Pour produire la même quantité il faut 22.000 araignées...
Certes, le fil d’araignée est plus fin et de meilleure qualité, mais la production, au final, en plus d’être difficile, n’est pas rentable. Mais il y a également la dimension éthique de la sériciculture; en effet, l'élevage de Bombyx à but industriel implique la mort de l'animal sous forme de chrysalide. Il faut donc aussi tenir compte de cela si l'on souhaite produire de la soie.
Mais malgré tout, la néphile s’adapte très difficilement au climat européen, contrairement au Bombyx.
Lors des expériences de Camboué puis de Jolly, au début du XVIIIe, les moustiques habituellement dévorés par les araignées qui avaient été mise en captivité ont proliféré, permettant ainsi au paludisme de se répandre.
Ainsi, si on utilise une énorme quantité d'araignée, il ne faut pas qu'elles aient été toutes prélevées, mais qu'elles soient issues de quelques spécimens qui ont été reproduits, sous peine de chambouler l'écosystème d'origine.
On se rend compte qu'il n'y a pas de réelle "bonne réponse"; chacun des deux types de sériciculture présente des avantages et des inconvénients.